XII, 2016, 1



Un traîneau, un pèlerinage et deux broderies: qu’est-ce qu’on peut encore apprendre sur Étienne le Grand | p. 257–285


Keywords
adventus regis, broderies liturgiques, Étienne le Grand, pèlerinage, traîneau

Abstract

Trois parties composent cette étude. Dans la première, l’auteur analyse une brève information contenue dans une chronique lituanienne. Cette source narrative dit que, pendant la campagne de 1497 contre le roi polonais Jean Albert, le prince de Moldavie, Étienne le Grand (1457–1504), a été conduit sur le champ de bataille dans un traîneau. On sait bien que le prince souffrait d’une maladie des jambes, mais l’utilisation d’un traîneau en Moldavie, au mois d’octobre, avant la première neige, est peu habituelle. Néanmoins, l’analyse des sources écrites et visuelles a montré que, dans d’autres espaces, par exemple en Russie, le traîneau était un moyen de transport utilisé non seulement aux mois d’hiver. En conclusion, l’information fournie par la chronique lituanienne peut être considérée comme crédible.

Dans la seconde partie, l’auteur attire l’attention sur un autre fragment de chronique, cette fois-ci écrite en Pologne. Ce fragment nous dit que, après la victoire contre les Ottomans, de 1475, le prince Étienne le Grand et son armée ont fait un pèlerinage les pieds nus. Le geste de pénitence du monarque qui attribue la victoire à Dieu n’est pas une création locale; il a des analogies dans la Bible, mais aussi dans des épisodes historiques plus récents. L’auteur suppose que le retour du souverain victorieux (adventus regis) dans sa capitale, Suceava, a été doublé par un pèlerinage aux reliques du Saint Jean le Nouveau, qui se trouvaient, alors comme aujourd’hui, dans la même ville.

Enfin, la troisième partie est consacrée à deux broderies liturgiques qui se trouvent au monastère Grigoriou du Mont Athos et qui représentent les scènes de La présentation de la Vierge et L’hospitalité d’Abraham. Bien que, depuis 2005, on ait souligné que ces broderies n’ont pas été réalisées en Moldavie d’Étienne le Grand, Katia Loverdou-Tsigarida continue de les attribuer (en 2007 et 2009) à un atelier moldave de cette époque-là. Malheureusement, ce n’est pas la seule erreur de ladite chercheuse, qui ne connaît ni la bibliographie, ni les réalités roumaines auxquelles elle se réfère.